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Let's Get the Hell Outta Here (Mood Swings #2)

Dernière mise à jour : 11 mars 2021

En attendant que les autoroutes retrouvent le poids des moteurs bruyants et les ruelles commerçantes le frémissement des porte-monnaie impatients (mais pas que, attention), comme de nombreux français, je me suis jetée corps et âme dans mon amour de quarantaine, le cinéma. Encore et toujours, confinement ou pas.


Et oui, sans grande surprise, l'arrivée (ou le retour) en grandes pompes des plus grandes plateformes de streaming et de VOD chez de nombreux confinés (merci aux catalogues de plus en plus diversifiés de Netflix et de la Cinetek) a permis à de nombreux "cinéphiles" (j'aime pas trop ce mot au passage, on dirait un peu une maladie non?), de rattraper des classiques et de découvrir les siens.

Le flow légendaire de Peter Fonda dans Easy Rider (1969)

Tandis que les plus chanceux se précipiteront dans les rues pour se dégourdir les jambes et s'exposer aux premiers rayons de ce beau mois de mai, lundi prochain, d'autres plus vulnérables seront contraints de se blottir encore un peu plus longtemps dans leur bulle de solitude, et se verront squatter encore quelques temps leurs balcons ou canapés déjà trop bien trop sollicités et affaissés. Il reste cependant que celui qui sortira et celui qui restera, auront tous deux un désir urgent de s'évader et de penser à autre chose qu'à l'ennui parfois paralysant qui a été le sien ces derniers 52 jours.


Et oui, apparemment, suivre les péripéties d'une poignée d'aventuriers mal lunés, entassés sous une cabane à l'autre bout de monde tous les vendredis soirs n'a pas réussi à assouvir ce besoin de voyages imaginaires et de découvertes par procuration. Vous me jugez ? No worries, je vais me rattraper. Alors, pour terrasser l'ennui de ces dernières semaines et redonner un peu de dynamisme aux endormis, voici donc une sorte de "confinement recap", soit une liste de films aussi rafraichissants que dépaysants. Dans celle ci, des road-movies pour s'échapper de la morosité et lassitude de ces derniers (j'espère) instants de confinement; des films de voyage pour profiter du soleil à travers son écran (lunettes anti lumière bleue obligent), qui chatouilleront les pieds des plus sédentaires, et vous inspireront de belles envies d'ÉVASIÓN ! (à lire avec l'accent espagnol)

Sur la route (2012)

Alors, pourquoi tous ces personnages de Road Movies, figures de proue de liberté et d'émancipation, nous inspirent autant ? Et surtout, pourquoi décident-ils de partir aux quatre coins de leurs continents ?


Hop in !

(ou En Voiture Simone, si vous préférez)


Pour se perdre et/ou se retrouver

Dans Into the Wild (2007), Christopher McCandless a tout pour être heureux: une famille aimante et un prestigieux diplôme fraichement décroché. Cependant, lassé des visions carriéristes de son entourage dans lesquelles il ne se projette plus, et imprégné des écrits politiques de désobéissance civile de Thoreau, Chris décide un jour de tout plaquer sans regarder derrière son sac à dos, et de partir seul à la recherche d'une vie pure et sans artifice.


Chris McCandless (Emile Hirsch) dans Into the Wild (2007)

Accompagné de la sublime voix rocailleuse d'Eddy Veder, cette adaptation du roman éponyme de Jon Krakauer (aussi sublime, inspiré d'une histoire vraie) est d'une grande sensibilité. La beauté sauvage de l'Alaska et du nord des États-Unis y est magnifiquement dépeinte, mais laissant parfois un vrai approfondissement des personnages en reste.


En réalité, Into the Wild (Vers l'inconnu, au Québec) pourrait aussi être une mise en garde politique de conséquences tout aussi radicales que peut avoir une démarche de désobéissance civile, et une quête d'absolu quelque peu idéaliste.


En effet, comme le grave Chris sur les murs rouillés de sa caravane perdue;


"Happiness only real when shared".

(Le bonheur n'est réel que lorsqu'il est partagé)

 
Martin Sheen et Sissy Spacek dans La Balade sauvage (1973)

Badlands (La Balade Sauvage, en français), est un autre classique du genre. Dans ce film, premier long métrage de Terrence Malick sorti en 1973, ce n'est pas la quête de vérité supérieure qui anime Kit, 25 ans, et Holly, 15 ans, lorsqu'ils déguerpissent tous deux de leur village paumé de Dakota du Sud, mais tout simplement la volonté d'être ensemble.


Ce film figurait parmi ceux que j'avais hâte d'aimer avant de le voir. Cependant, j'ai été très déçue par le manque de charisme et par l'impassibilité glaciale des personnages (surtout d'Holly, lorsqu'elle découvre avec impuissance et détachement que son bad boy aux fausses allures de James Dean a la gâchette un peu trop facile). À cet esthétisme rebelle trouvé malheureusement un peu lisse et incipide, je retiendrai tout de même que Malick s'accompagne de jolis morceaux classiques d'Erik Satie et de somptueux et grands horizons dépaysants. Peut être que le reste de la filmographie de Malick (Les Moissons du Ciel, La Ligne rouge, The Tree of Life) réussira à me séduire un peu plus que cette fresque juvénile dénuée de passion. À suivre.


Pour s'émanciper d'une société étouffante
Denis Hopper et Peter Fonda dans Easy Rider (1969)

Si un seul film pouvait rassembler ces idéaux de liberté spirituelle et sexuelle, c'est bien Easy Rider.


Découvert très récemment, j'ai été conquise au bout d'exactement 5 minutes par une BO exceptionnelle réunissant de véritables pépites délicieusement seventies. Parmi The Byrds, Jimi Hendrix, Jefferson Airplane ou encore Joe Cocker; Born To Be Wild, de SteppenWolf pourrait résumer le film à lui tout seul:


"Get your motor runnin'

Head out on the highway

Lookin' for adventure

And whatever comes our way"


À bord de Harleys majestueuses et customisées (flammes incendiaires ou drapeau américain, choisissez votre bolide), Peter Fonda (frère de Jane) et Dennis Hopper, cocaïnés à y laisser de la poudre dans leurs barbes, sillonnent l'ouest américain de la Californie à la Louisianne pour assister au carnaval annuel. (Tiens, un road movie avec une destination, c'est inhabituel, mais pourtant c'est le premier du genre.)


Le scénario au final assez banal est relevé par la classe intemporelle de Mister Fonda, charismatique même en pantalon de cuir et avec des rouflaquettes (ou à cause de???), qui, avec une grâce nonchalante, déambule dans les tableaux crus de l'Amérique conservatrice de l'époque. À une époque de basculement idéologique dans lequel les mouvements hippies s'essoufflent et se marginalisent, Easy Rider transpire la drogue et l'excès, mais sonne avec lucidité les premières désillusions qui seront celles des années 1970, à l'aube des révélations sur la guerre du Vietnam dans laquelle le pays est engagé depuis 1965.


De plus, ce film coup de poing a fait découvrir la sacrée gueule de Jack Nicholson, ici en un avocat attachant se greffant au périple des deux motards après un bef séjour en prison. En somme, un sacré classique à voir de toute urgence, as they say.


 

Cette liste ne serait pas complète sans mentionner le génial et incontournable Thelma & Louise, réalisé par Ridley Scott (Alien, Blade Runner, Gladiator) en 1991.


Susan Sarandon et Geena Davis dans Thelma & Louise (1991)

Dans celui ci, Thelma est volatile, spontanée, presque enfantine, tandis que Louise est plus pragmatique et responsable. Les deux font cependant la paire, et se retrouvent plus que jamais soudées après un drame lors d'une sortie improvisée. Suite à celui-ci, elles n'ont d'autre choix que de couper tout lien avec leurs anciennes vies monotones, imbibées d'un patriarcat parfois peut être un peu stéréotypé.


Il reste qu'encore aujourd'hui, ce film (et ses "héroïnes", respectivement jouées par Geena Davis et Susan Sarandon), s'érige en tant que symbole féministe intemporel. Au volant d'une iconique Thunderbird 66 décapotable bleu turquoise, le duo complice traverse le Grand Canyon et ses étendues orangées à couper le souffle, se découvre audacieux, courageux et libre, jusqu'à un final symbolique marquant et inattendu, bien qu'inévitable.


À la fois western moderne, policier, drame et comédie, ce film se pare également d'un très beau morceau d'Hans Zimmer (Thunderbird), et apparaît au panthéon de mes films nomades favoris. Ah oui, j'oubliais, si je ne vous ai pas encore convaincu, Thelma & Louise a aussi révélé Brad Pitt, qui, en jeune voyageur très séduisant (what else is new?), crève l'écran et sortira très vite de l'anonymat après ce petit rôle de cambrioleur.


Pour s'inspirer et profiter de la vida, tout simplement
Kate Hudson (Penny Lane), dans Almost Famous (2000)

S'évader (sur la route, en l'occurence), signifie avant tout "s'enfuir d'un lieu où l'on était retenu, enfermé, et se soustraire volontairement de la réalité". Si les débuts de cette nouvelle décennie semblent compliqués, pourquoi ne pas vagabonder vers une autre le temps de quelques heures ?


En bref, dans Almost Famous, Penny (Kate Hudson) et William Miller ont “17, pardon, 16, en fait euh, 15 ans”. L’une est groupie attitrée de groupes en vogue, l'autre est apprenti journaliste pour le Rolling Stone Magazine.


Leurs destins vont se croiser lors d'un concert de Black Sabbath, considéré comme fondateur et précurseur du heavy metal. En ouverture, le groupe fictif StillWater (Fever Dog, dispo sur Spotify, a tout l'air d'un vrai hit, pourtant) prend possession de la scène, le charismatique Russel Hammond (Billy Crudup) à la guitare. À la fin du morceau, Will se retrouve embarqué dans la tournée du groupe lors d'un été passionné, à bord d’une caravane ô combien typique. Comme dirait Penny Lane;


"It's all Happening"

Welcome to the Seventies, et avec un grand S, s’il vous plait.


Le nez tout juste sorti du cocon familial et de la géniale collection de 33 tours de sa sœur aînée (Zooey Deschanel), Will est un peu paumé dans ce monde d’illuminés, mais surtout attachant et amoureux de l’intrépide et volatile Penny Lane, qui elle, finit par se perdre dans l’adoration. Ces deux personnages, et particulièrement celui de Penny, sont si bien écrits, que le film remporta l’Oscar du meilleur scénario en 2001. Bercé par les plus belles mélodies d’Elton John ou de Simon & Garfunkel, ce film chaleureux observe avec authenticité l’intimité du rock des années 1970, belles années hippies parfois trop romantisées.


Autobiographique, Almost Famous observe toutes ses vies désinvoltes à travers le regard candides et innocent du jeune Will (Patrick Fugit), qui est donc en (très) grande partie inspiré de la vie du réalisateur, lorsque lui même fut embauché par le Rolling Stones à 15 ans pour s’immiscer dans les tournées des plus grands : Led Zeppelin, Eagles, Lynyrd Skynyrd ou Fleetwood Mac, et rédiger leurs coverstories. Rien que ça !



Bon... Après avoir fait le tour des État-Unis en stop, en Harley, en décapotable et en caravane, je pense qu'on peut souffler un peu et qu'on a fait le plein de dépaysements fictifs. À nous de se les approprier maintenant. C'est pas beau ça ? Sur ces belles paroles, n'hésitez pas à me dire quels sont VOS road-movies préférés !


 

Merci d'avoir lu ce nouvel article & n'oubliez pas, WE'RE BORN TO BE WIIIILD !!!

(D'autres critiques disponibles sur mon Instagram @louizinema)


 

Bandes annonces des films cités:

Into the Wild (inspiré d'une histoire vraie, 2007) : https://www.youtube.com/watch?v=XZG1FzyB8DI

La Balade sauvage (inspiré d'une histoire vraie, 1973): https://www.youtube.com/watch?v=qKykxE7CBbc

Almost Famous (autobiographique, 2000): https://www.youtube.com/watch?v=aQXh_AaJXaM


Bonus:

Scène d'intro d'Easy Rider (attention, ça claque): https://www.youtube.com/watch?v=J1cDECkN2xg

Cover Story de Cameron Crowe sur Fleetwood Mac pour le Rolling Stone Magazine, 1977: https://www.rollingstone.com/music/music-news/the-true-life-confessions-of-fleetwood-mac-120867/

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