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Heeere's Johnny ! (Shining, 1980)

Dernière mise à jour : 8 janv. 2019

Halloween m'a donné l'envie d'écrire sur Shining, film "d'horreur" incontournable de Stanley Kubrick et adaptation du livre de Stephen King. Pourquoi en " " ? Parce que ce n'est pas un film d'horreur comme on pourrait en voir de nos jours. Explications.

Danny Torrence sur son tricycle dans les couloirs de l'Overlook Hotel

Des films avec 50 "jumpscares" (saut de peur, en français) à l'heure, dotés de scènes de tortures épouvantables et de fils conducteurs plus absurdes les uns que les autres, il y'en a à la pelle de nos jours. Je ne compte plus le nombre de fois ou la vision d'un de ces films s'est terminé en fou rire, résultat d'un terrible manque de crédibilité. Je n'ai pas la prétention de dire que tous les récents films d'horreur sont nuls, juste que je ne suis pas tombée sur des bons jusqu'a présent.


Alors, quand on me demande quel est mon film d'horreur préféré, je répond souvent The Shining, parce que dans ce film de 1980, pas de poupées maudites, pas de morts vivants dégoulinant de sang ketchup, de tronçonneuses, de blondes écervelée qui se jètent dans la gueule du loup, ni d'effets spéciaux à outrances.

Mais un suspens glaçant qui monte crescendo, un hôtel doté d'un lourd passé, un tricycle bleu, une réplique culte, beaucoup de neige et un labyrinthe.

L'histoire en bref

Jack Torrence, son fils Danny et sa femme Wendy, emménagent pour l'hiver dans l'hôtel Overlook, en Oregon. Stuart Ullman, lors de l'entretien, l'avait cependant averti de l'histoire morbide de l'hôtel, du précèdent gardien M. Grady, qui a sauvagement assassiné à la hache sa femme et ses deux petites filles en 1970. Jack lui assure alors que ce ne sera pas un problème, ce à quoi Stuart répond:

"That's very good Jack, because, uh, for some people, solitude and isolation can, of itself become a problem."


Il suffira d'un mois, pour que Jack sombre peu à peu la folie, emporté par le passé violent de l'hôtel et l'aura maléfique des lieux.


Affiche francaise du film (1980)


The Shining, c'est bien plus que deux jumelles perdues dans un couloir, une hache et un numéro de chambre. Un peu obsédée par ce film et par cette dernière image d'époque qui nous laisse tellement insatisfaits et perplexes (Jack, en 1920 dans un bal de l'Overlook), j'ai regardé de nombreuses vidéos explicatives et même un documentaire, sur Netflix: room 237, afin d'y voir plus clair. Ce film culte, c'est une véritable "vague de terreur", remplie d'éléments précurseurs, et d'indices passionnants.





Messages cachés

Ce que j'avais remarqué: L'omniprésence de la thématique du génocide indien. L'expédition Donner tout d'abord (donner party, en anglais) est discutée dans la voiture de la famille, lorsque Wendy se demande si ce n'est pas dans les alentours que des indiens ont du recourir au cannibalisme. Ce nom donné à un groupe de 81 pionniers américains en route pour la Californie, pendant la « Fièvre (ou Conquête) de l'Ouest » des années 1840. Bloqués par la neige dans la Sierra Nevada au cours d'un hiver, la moitié des membres a péri de famine et de maladie (bon là, je me suis renseignée, mais l'histoire de cannibalisme ne m'a pas laissée indifférente).

Un autre dialogue qui fait référence au génocide: lors de la visite, Ulmann informe la famille, que l'hôtel a été construit sur les restes d'un ancien cimetière indien, et que quelques attaques ont "perturbé la construction".

En plus de ces dialogues, j'ai remarqué que la déco de l'Overlook (tapis muraux, peintures de femmes indiennes...) y faisait aussi référence.

Wendy, lorsqu'elle tente de contacter l'extérieur grâce à la radio, porte aussi un pancho jaune, orné de broderies aux motifs de désert, de tipis et de cactus... Il y'a donc trop de coïncidences qui ne demandent qu'à être reliées entre elles.


Ce que j'ai appris: Cette thématique est bien centrale dans le film, jusqu'aux figures d'indiens sioux sur des boites de conserves de la réserve. Kubrick viendrait ici dénoncer le génocide indien, perpétré par les américains durant toute une partie du XIXe siècle. Il a donc glissé dans son film des répliques ("a white men's burden", par exemple) qui nous mettent la puce à l'oreille.

Kubrick fait référence à la présence des natifs indiens sur le territoire américain, et à la violence qui s'en suivit. L'implication des américains dans l'extermination des populations indigènes, est soulignée par la présence des tons bleus blancs et rouges sur les habits des trois personnages (couleurs du drapeau américain).


Bonus: j'ai aussi remarqué que la tuyauterie de l'hôtel était aussi dans ces couleurs, mais peut être que je vais chercher un peu trop loin (?).

Shelley Duvall (Wendy), Jack Nicholson (Jack) et Stanley Kubrick sur le tournage de Shining

Le fil rouge de Shining, ce serait ainsi la violence et l'impulsivité des hommes au cours de l'Histoire, qui laissent des traces indélébiles dans le présent. Dans son dialogue avec le petit Danny (red rum, red ruuuum), M. Halloran explique que tous deux sont dotés du shining, pouvoir télépathique surnaturel:


"You know, Doc, when something bad happens, it can leave a trace of itself behind, say like if someone burns a toast, well, maybe things that happen leave other kind of traces behind. Not things that anyone can notice, but things that people who shiiiine can see."

Critique

Comme je l'ai dit, Shining c'est pour moi un des meilleurs films d'horreur. Il ne fait pas spécialement peur, ne te feras pas hurler ni sauter de ton canapé. C'est avant tout un film d'horreur psychologique. Il est extrêmement dérangeant, donne des frissons et met réellement mal à l'aise. Les scènes ou Danny se retrouve en transe et en proie à des visions de plus en plus terrifiantes (aperçoit les jumelles, des litres de sangs qui se déversent dans l'hôtel) sont à glacer le sang. Les acouphènes prolongées et violons angoissants, surgissant à ces moments de malaise sont stridents et insupportables.

Il y'a quand même une scène que j'ai détestée: lorsque Jack entre dans la salle de bain de la chambre 237, et qu'une femme se décompose, dans ses bras. Je trouve que cette scène n'apporte rien au film, elle est horrible et inutile selon moi.



Mais ce que je préfère dans ce film, c'est la première partie, dans laquelle la folie s'installe progressivement dans l'esprit de Jack. L'ambiance de ce film est très particulière, très glauque, puisque nous sommes directement confrontés aux débuts de cette même folie, qui atteint son apogée dans ma scène préférée. Sous une lumière rouge, Jack talonne une Wendy paniquée dans les escaliers du bureau, dont les jointures blanchissent autour d'une batte de baseball. Cette réplique, ou Jack Nicholson apparait plus cinglé que jamais, m'a beaucoup marquée.


"I'm not gonna hurt you. Wendy, honey, light of my life, I'm not gonna hurt ya, you didn't let me finish my sentence. I said I'm not gonna hurt ya, I'm just gonna bash your brains in, bash them right the fuck in !"


Le plus important, c'est que Nicholson, porte le film, son interprétation de Jack Torrence est tout simplement exeptionnelle.

"All work and no play makes Jack a dull boy"

C'est aussi l'adaptation que Stephen King a le plus détesté de ses romans. En effet Kubrick s'est permis de prendre différentes directions que l'auteur. Kubrick a par exemple fait geler l'hôtel (et Jack), alors que dans le livre, il disparait par les flammes. Kubrick, selon King, n'a aussi pas assez insisté sur le fait que Jack lutte pour ne pas être entrainé dans la folie. Mais je ne veux pas m'attarder sur le livre, parce que de un, je ne l'ai pas (encore) lu, et de deux, j'ouvrirai un trop long (mais intéressant) débat sur les libertés que peut prendre un directeur lorsqu'il envisage d'adapter une oeuvre littéraire.



The Shining c'est enfin d' éternelles insatisfactions. Comment Jack fait-il pour sortir de la chambre froide, après y être enfermé par la courageuse Wendy ? Comment se fait-il qu'il apparait sur une photo datant d'un bal de l'Overlook en 1920? Pourquoi lui dit on qu'il a toujours été le gardien de l'hôtel... ?

 

Merci d'avoir lu cette nouvelle critique, et n'hésitez pas à me faire part de vos hypothèses !



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