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Confinement Recap'

Dernière mise à jour : 12 juin 2020

Au tout début du confinement, je me suis lancée dans la création d'un petit compte instagram spécial critiques ciné : @louizinema. Vitrine cinéma de ce site, ce compte est exclusivement dédié à de belles (re)découvertes. Dans celui-ci, des mini-revues de films s'entremêlent avec des photographies inoubliables d'acteurs, érigeant ainsi une galerie de films et de moments inoubliables du 7e art.


Voici donc une retranscription en vrac' de cinq mini-critiques publiées sur le compte depuis début mars, suivies d'un bon plan pour regarder ENCORE plus de (très bons) films.


La Collectionneuse, 1967 dir. Éric Rohmer
Fraternité confinée : Mustang (2015, Deniz Gamze Ergüven)

"À 1000 km d’Istanbul, 5 sœurs fêtent la fin de l’année scolaire dans les vagues de la mer Noire, entourées d’amis garçons. Tandis que les chemises se font de plus en plus transparentes, les rires éclatent et se mêlent dans ce bain salé, adolescent et innocent. Seulement, c’est le drame. Vues dès lors comme salies et perverties, Lale, Nur, Ece, Sonay et Selma se retrouvent emprisonnées dans la maison familiale, transformée soudainement en usine à mariages.


Un film sans filtre, sans chichi et dialogues inutiles, aussi nécessaire que réaliste sur la condition de la femme dans certaines régions reculées d’Europe. Les actrices sont belles, naturelles, talentueuses, et donnent de sincères représentations de ces sœurs lumineuses au caractère bien trempé. Dans un moment où le confinement imposé laisse parfois certains dans un état de lassitude permanent, cette pépite rafraîchira peut être quelques visions de la solidarité fraternelle."


Disponible sur Netflix.


Poésie Parisienne : Le Fabuleux Destin d'Amelie Poulain (2001, Jean Pierre Jeunet)

"Amélie Poulain (Audrey Toutou), jeune femme timide de Montmartre, est serveuse au Café des Deux Moulins. Comme tout le monde, elle a plein de petits plaisirs quotidiens, comme celui de faire des ricochets dans le Canal Saint Martin, de plonger sa main dans un sac de grains, de briser la croûte de sa crème brûlée avec la pointe de la petite cuillère, ou de savourer des framboises sur le bout des doigts. Mais toutes ses petites habitudes sont un jour bousculées lorsqu’elle trouve une minuscule boîte à souvenirs cachée derrière une dalle de sa salle de bain, et lorsqu’elle fait la rencontre de Nino (Mathieu Kassovitz), près d’un photomaton de la station Lamarck-Caulaincourt.

S’il y’a bien un mot pour décrire ce film que l’on a tous déjà probablement vu: c’est la Poésie. La Poésie des mots du narrateur André Dussolier, d’une image chaude passée au filtre vert et rouge, ou d’une toile peinte et repeinte à l’infinie pour vaincre l’ennui. La Tendresse aussi, celle de la parfaite et joueuse rencontre entre deux êtres rêveurs si bien trouvés, l’un collectionnant les vieilles photos d’identité abandonnées, l’autre imaginant le nombre d’orgasmes saisissants la ville Lumière à la seconde.


Vivant à travers les autres et du bonheur qu’elle se voue à leur apporter, Amélie évolue comme dans un monde parallèle, est un peu déconnectée de la réalité, jusqu’à ce qu’elle a enfin l’occasion de goûter à son propre bonheur.


En somme, "Amélie" est peut être un des personnages les plus touchants et sincères du cinéma français de ce début de siècle. Réconfortant, léger, mais fragile comme la croûte d’une crème brûlée, ce film est une réelle bouffée d’air frais à (re)regarder pendant (et même après) le confinement."


Manger des framboises du bout des doigts, un des petits plaisirs d'enfance d'Amélie
Brad Pitt, beauté grecque : Troie (2004, Wolfgang Petersen)

Changement d'ambiance. "XIIe siècle avant J-C. À Sparte, Pâris (Orlando Bloom), fils du roi troyen, tombe éperdument amoureux de la fameuse Hélène (Diane Kruger), et la ramène à Troie, alors que celle ci est déjà unie au roi Ménélas. Pour assouvir sa vengeance, le roi et son frère Agamemnon lèvent une armée colossale, se munissant des plus valeureux soldats (dont Achille, aka Brad Pitt, avec des tresses et une jupe) pour assiéger la ville de Troie, de l’autre côté de la mer Égée.

Épique et grandiloquent, ce péplum est sûrement sous-coté en raison d’interprétations historiques discutables (l’histoire d’amour entre Achille et sa prisonnière Briséis est sûrement très romantisée, par exemple). Cependant, ce qui fait la particularité du film, c’est surtout la place presque centrale accordée à la figure mythique d’Achille, jusqu’alors délaissée des précédents films traitant du sujet.


Le couple Hector & Briséis dans Troie (2004)

En effet, la guerre de Troie en a inspiré plus d’un, (120 films sont sortis entre 1902 et 2009), la plupart préférant la traiter sous l’angle de la personnalité de Belle Hélène. Ici, les autres femmes du film (Briséis, Andromaque), sont beaucoup plus touchantes, et sont, comme le spectateur, témoins des cycles de violences éternels des hommes, de leur soif de pouvoir, et de leurs visions héroïques de l’Honneur.


Peu habituée aux films guerriers, je n’ai pas pu m’empêcher de comparer Troie à l’excellent Gladiator (de Ridley Scott), qui m’avait beaucoup plus émue. Cependant de nombreux points positifs sont à relever, à savoir : de magnifiques costumes, une mise en scène incroyable de batailles dantesques, et de sublimes moments d’intimité et de tendresse pour contrebalancer le tout. Une interrogation intemporelle ressort également du film : Est-il préférable de vivre une vie confortable, longue, au risque de finir oublié, OU une vie courte, sans attaches, mais teintée d’inoubliables éclats de bravoure ? Vous avez 2h43. (promis, ça passe vite)."


Disponible sur Netflix.


Sous le signe des Demy 1/2 : Les demoiselles de Rochefort (1967, Jacques Demy)
Jacques Perrin à la recherche de son "idéal feminin"

"La kermesse de la ville approche et ses préparatifs emportent les corps des passants, qui dansent et chantent sur les trottoirs leurs idéaux féminins et masculins. Parmi ces vies, Solange (Françoise Dorléac) et Delphine (Catherine Deneuve), deux jumelles, sont à la recherche de l’amour rêvé. Après avoir donné des cours de danse et de solfège, elles se retrouvent embarquées dans un des numéros de la fête.


Jacques Demy, accompagné de la jeune Catherine, de sa sœur Françoise, et des mélodies inoubliables de Michel Legrand, nous offre un moment suspendu dans le temps; un temps joyeux, solaire et dansant. Ce film pourrait tout d’abord se résumer à cette explosion de couleurs, à ces costumes tantôt d’un violet pastel songeur, d’un rouge pailleté provocateur ou d’un romantique bleu et blanc marin.


Françoise et Catherine, soeurs jumelles à l'écran

À l’image de leurs garde-robes, les personnages qui défilent les uns à la suite des autres, qui se croisent et parfois s’acharnent à se manquer de peu (jusqu’à nous agacer un peu), sont vibrants de vitalité, nous entraînant gaiement dans le tourbillon parfois chaotique de leurs petites vies sentimentales.


Les Demoiselles de Rochefort a pu aussi marquer par cette fin douce-amère, celle d’une impossible rencontre entre deux âmes sœurs. Demy aimerait-il malmener les personnages joués par sa Catherine ? Dans Les Parapluies de Cherbourg (1964), elle n’avait pas non plus trouvé cette fin heureuse si attendue du spectateur... Il faudra donc attendre encore quelques années pour que le réalisateur décide enfin de donner à sa muse une fin digne d’un conte de fées, dans Peau d’Âne (1970).



Traitant avec légèreté et poésie les rencontres amoureuses incongrues, la force du hasard et de ses coïncidences, le talent de Demy et les beaux yeux de Jacques Perrin m’ont encore plus séduite que lors de mon premier visionnage. Alors, puisque nous ne pouvons pas encore sortir danser dans la rue comme Gene Kelly, faisons comme ces marins itinérants et ces forains charmeurs, en préférant quand même « le plaisir à la douleur, le bonheur à la tristesse, et la joie au malheur » (c’est pas de moi, c’est de Demy)."

Disponible sur Netflix.


Sous le signe des Demy 2/2 : Peau d'Âne (1970, Jacques Demy)

"Après un bref séjour à Hollywood pour le tournage de The Model Shop, Jacques Demy retourne en métropole et s’attaque à l’adaptation du célèbre conte de fées de Charles Perrault, Peau d’Âne. Il sollicite (entre autres), le talent du charismatique Jean Marais (déjà prince dans La Belle et la Bête, de Jean Cocteau), pour jouer un roi amoureux de sa fille (Catherine Deneuve). Lors de sa fugue, celle ci s’éprend d’un prince d’une autre contrée (Jacques Perrin). Ce film sonnera également les heureuses retrouvailles de Delphine et de Maxence, âmes sœurs dans Les Demoiselles de Rochefort, dans une vie antérieure tout aussi musicale.

Catherine Deneuve (Peau d'Âne) en robe de nuit très minimaliste

Me voilà à nouveau embarquée dans l’univers Demyesque, juste après mon dernier post sur le tout aussi mythique Les Demoiselles de Rochefort (1967). Comme quoi, mon obsession cinématographique se tourne parfois vers des films féériques et poétiques, quand ce n’est pas vers la noirceur des meilleurs thrillers.


Catherine Deneuve et Jacques Perrin dans Peau d'Âne (1970)

Et ce film en a déjà fasciné plus d’un, lui offrant, lors de sa sortie, un immense succès. Jim Morrison, par exemple, chanteur emblématique des Doors, passa quelques jours dans le Château de Chambord et assista au tournage de Peau d’Âne pendant l’été 1970, juste avant l’enregistrement de L.A Woman. Aujourd’hui, certains trouveront ce film musical niais à de nombreuses reprises, observant avec incompréhension ses transitions colorées ou ses animaux peints aux couleurs de leurs royaumes.


Mais d’autres se laisseront éblouir par cette image débordante de poésie et de lyrisme filmée au 35mm, par le charme mutin d’une fée des Lilas inoubliable (Delphine Seyrig), et par les sublimes incantations de Legrand, collaborateur attitré de Demy.


Peau d’Âne enchante également en ce qu’il réussit à traiter l’univers des relations interdites et de l’inceste sans trop de lourdeur, bien qu’instaurant une ambiance particulière en début de film. Ainsi, je suis persuadée que le regard singulier porté par Demy sur le merveilleux, continuera de fasciner et d’ensorceler encore pendant bien longtemps les plus nostalgiques d'une époque du cinéma malheureusement bien révolue."


Disponible sur Netflix.

 

YOU'RE WELCOME : Bonus Bon Plan


Pendant cette période, j'ai aussi découvert, en plus d'avoir fait le plein de jolis et intelligents comptes de cinéma, tels que @lecrible_ et @seizethemovies (pour n'en citer que deux), une plateforme VOD dédiée aux meilleurs films du XIXe siècle. Chaque mois, pour à peine 4 euros (désolée, je n'ai pas encore de code promo... mais il y'a un système de parrainage, par contre), @lacinetek offre à ses abonnés une sélection thématique haut-de-gamme faite de 10 films marquants du siècle dernier. Parmi les sélections du mois d'avril et de mai, de belles découvertes, comme "Le Joli Mai" ! Voici un petit résumé, puisque vous en redemandez.

Le Joli Mai (1963, Chris Marker et Pierre Lhomme)

Les pieds au vent, ou la jeunesse parisienne au début des années 1960

Tourné en mai 1962, ce film documentaire est accompagné de la voix d'Yves Montand et bercé par les mélodies de Michel Legrand (qui je pense est un peu le fil rouge de ce récap'). Au lendemain de la guerre d'Algérie et de la signature des accords d'Evian, les deux réalisateurs ont arpenté les rues de la capitale, interrogeant les parisiens chez eux, sur leurs lieux de travail, devant des magasins ou sur des trottoirs. À l'angle de la rue Mouffetard ou devant la Bourse de Paris, les passants se livrent quant à leur vision de la politique, de leurs ménages respectifs, de leur avenir.


Capturant avec une grande authenticité le quotidien de diverses personnalités parisiennes, ce film est une belle représentation d'une capitale, qui, magnifique à toutes les décennies, vit au rythme effréné de ses éternelles métamorphoses.


Disponible en VOD sur La Cinétek


 

Voila donc quelques films dans lesquels j'ai adoré me replonger et découvrir pendant la période du confinement. Et vous, lesquels avez vous aimé redécouvrir ? À l'inverse, quelles ont été vos plus belles découvertes ?


Merci d'avoir lu cet article, et à très bientôt pour la réouverture des cinémas !

(@louizargentik au matin du 22 juin prochain)



Photo de couverture : La Collectionneuse, 1967 dir. Éric Rohmer

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